l'église de Frontenard de la petite levée et sa rangée de peupliers - Dessins à la plume et aquarelle de Annie Sotty
Frontenard le 1er mai 2018 par Annie Sotty.
Je vais avoir 74 ans cette année, je revendique mon parcours et je suis fière des choix que j'ai fait à certaines époques.
Dans ma plus petite enfance et même après mon entrée aux Beaux Arts, je dessinais des femmes et des costumes et je rêvais et imaginais des défilés de mode.
Je semblais obligatoirement destinée à des métiers me permettant de m'exprimer et de m'accomplir dans ce qui apparaissait comme mes atouts les plus évidents.
A 16 ans, je suis donc tout naturellement entrée à l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Dijon puis à 19 ans, le 1er mai 1962 j'ai complétement bifurqué vers des autres objectifs laissant en pointillé les dessins et "ma destinée artistique"
J'ai tout plaqué : les Beaux Arts , la peinture, le cocon familial et un avenir tout tracé.
Je me suis mariée et j'ai épousé d'autres desseins plus conformes avec mon MOI.
Le directeur des Beaux Arts de l'époque m'a dit quand je lui ai annoncé que j'arrêteais tout en cours d'année : "Va si tu préfères raccomoder des chaussettes toute ta vie ... c'est ton problème mais c'est une belle connerie"
Aujourd'hui, après 53 années de mariage, 5 enfants et plus d'une dizaine de petits enfants. Etait-ce vraiment une connerie ?
Assurément oui pour certaines féministes qui ne comprennent et n'admettent la réussite d'une vie qu'à travers une réalisation sociale bien souvent mimant la gente masculine, ils diront donc que j'ai raté ma vie ! En revanche d'autres comprendront qu'il y a autant de réussites personnelles que d'individus femmes ou hommes !
Je sais que je n'ai pas râté ma vie (bien au contraire) mais certes certaines me diront que j'ai négligé, faute de temps et d'envie, mes aptitudes naturelles au dessin et à la création artistique.
Questions : aurais-je pu concilier une carrière artistique et la vie de femme telle que je la concevais ?
La réponse est sans aucun doute : Non ! Sachant que cette réponse n'est pas vraie dans l'absolu et pour toutes les femmes
Daniel a écrit : "Chacun de nous est porteur d'un seuil au delà duquel il devient obligatoirement con, despote et/ou salaud en devenant riche, célèbre, important, savant, puissant ou simplement investi d'un rôle ou d'un costume"
Et moi, je crois qu'aucun d'entre nous n'a connaissance de ce seuil et personnellement à défaut de le connaître, j'ai préféré la prudence car je savais que le costume et le statut "d'artiste" modifierai en profondeur mon MOI et ma capacité à réussir MA vie.
Je souhaite à toute femme de vivre MON bonheur ; hier à 20 ans comme aujourd'hui à plus de 70 ans.
Et maintenant que le temps avance beaucoup plus lentement, je vais tenter de me remettre un peu plus au dessin .... peut-être ! Mais toujours sans ambition et suis-je vraiment motivée ?
Annie Sotty
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